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Notre alimentation est-elle dictée en partie par les mythes ?
Notre alimentation est-elle dictée en partie par les mythes ?
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27 avril 2010

Normes, évolution des normes et transgression en modernité

  Jack Goody retrace les rapports historiques entre alimentation et religion et les rapports étroits entre les aliments et les divinités. Toutes les cérémonies religieuses nécessitent de la nourriture. Il établit le lien entre la révolution de la production agricole de l’âge de bronze, le développement d’une culture très différente entre les riches et les pauvres incluant l’alimentation et l’émergence de religions écrites avec leurs prophètes et leurs croyances. La nourriture est don des dieux mais aussi fruit du travail des hommes. Il cite la prolongation établie dans certaines sociétés stratifiées entre la nourriture des classes sociales et les aliments spécifiques des dieux (ambroisie des dieux de l’Olympe).

  Dominique Fournier (CNRS) raconte l’histoire de la bulle du vendredi saint à Séville. Les rites sont propres à remercier les esprits supérieurs et à s’attirer les bonnes grâces de la terre. Dans la religion catholique, les contraintes du jeûne du carême sont une mortification du corps pour élever l’âme en sympathie avec les tourments infligés au Christ. L’Eglise se différencie des deux autres religions du Livre par son refus de toute forme d’interdit alimentaire absolu et en tenant compte des coutumes différentes suivant les pays et du contexte. La viande est considérée par les théologiens comme étant liée à la luxure. La semaine sainte à Séville a acquis une juste renommée par la démesure et la complexité de son organisation. Contre toute attente, la consommation de viande y est autorisée par une bulle renouvelée chaque année. La bulle sévillane illustre la prise en compte du contexte : est-elle une transgression absolue ou une dérogation ? Au départ, la bulle était achetée par les riches qui seuls ainsi pouvaient consommer de la viande, puis elle s’est « démocratisée » à ceux qui portaient les instruments et statues des processions (le contexte de fortes dépense physique explique cette autorisation), pour finir par être autorisée pour tous.

  Vincent Gossaert (CNRS) étudie les sens multiples du végétarisme contemporain dans les villes chinoises. Les discours et les pratiques végétariennes occupent dans les sociétés chinoises modernes un rôle important et en pleine mutation. On observe différentes sortes de pratiques : les jeunes rituels de purification concernant certains mets dont la viande (mais aussi l’alcool et les cinq plantes alliacées), qui sont pratiqués par les familles de façon régulière, mais non permanente ; la pratique d’un végétarisme permanent dévalorisé, associé à des groupes socialement contestés que sont des mouvements sectaires ; l’essor actuel d’un végétarisme « chic », avec développement de restaurants végétariens « bouddhiques », en rapport avec l’essor de pratiques religieuses liées à une identité bouddhique laïque et à une globalisation du végétarisme où les discours scientifiques des ressources symboliques du végétarisme occidental sont utilisés pour valoriser une pratique qui n’en reste pas moins spécifiquement chinoise. Ces restaurants deviennent des lieux de pratique religieuse par l’alimentation avec réunions et diffusion de livres.

  Au Japon, « on mange avec les dieux » nous dit Jane Cobbi (CNRS). On trouve encore dans beaucoup de maisons à la campagne des autels aux ancêtres et aux divinités qu’il faut régaler avant de toucher soi-même aux aliments, aussi bien dans la vie quotidienne que lors des fêtes. Deux grands courants spirituels coexistent au Japon, le bouddhisme et le shintoïsme qui affectent de façon importante l’alimentation du quotidien et des fêtes. Dans le Shinto, toute la vie est sous l’égide de puissances diffuses qu’il faut craindre et respecter en marquant des cultes religieux envers elles. Il n’existe pas d’interdits alimentaires mais un encouragement à manger certains aliments, par le biais de la métaphore et de la métonymie (les pousses végétales, les œufs, le poisson, la poule sont censés contenir les germes de vie). Le respect de la vie dans le bouddhisme interdit de manger toute chair animale excepté le poisson. Les cérémonies sont réglementées par des rituels minutieux ; les offrandes doivent associer des produits de la mer, des champs et de la montagne. Dès que la cérémonie est terminée, le groupe présent clôt le rite des offrandes en les consommant. On mange des végétaux cultivés mais les animaux doivent être sauvages.

Résumé : Cet article publié, sur amades,est un autre résumé, plus général, du colloque de l’AFSR (Association Française des sciences Sociales des religions) avec l’OCHA (observatoire Cidil des Habitudes Alimentaires) et le CNRS. Cet article dénonce les rapports entre la religion et l'alimentation.

Source :  amades.revues.org,avec l'OCHA, l'AFSR et le CNRS,Jack Goody, Dominique Fournier (CNRS), Vincent Gossaert (CNRS),  Jane Cobbi (CNRS).

Adresse de l'article :  http://amades.revues.org/index401.html

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